La prairie

Laurent, tu as tout à fait le tour de la question... Ou, ou, ou mais finalement rien d'idéal... mais est-ce seulement envisageable l' "idéal" quand on rêve de naturel ?
Françoise,

Citation :

Mais la Bretagne ? Sous-sol granitique, je crois, souvent acide donc sûrement plus pauvre que la Normandie des falaise de craie. Mais je ne connais pas bien, en fait. Tout dépend de ton terrain.

Sauf que "ma" Bretagne, sur pâturage de mouton vaut bien "ta" Normandie... pissenlits, chardons, et orties à foison plus la molinie, une graminée épouvantable qui fait des touffes de plus en plus hautes et coriaces au fur et à mesure qu'elle meurt pour renaître sur son propre "mulch", voilà mon quotidien sur terrain acide certes avec oseilles à foison.
Mais je n'ai pas d'argile ou de glaise et ça c'est tout bénéf...

Là on attend désespérément le soleil pour favoriser les floraisons... mais sur les prochains jours nous les compterons sur les doigts d'une main et tenez vous, bien, alors que je me les "suis caillées" en Bretagne , en Alsace ils avaient du + 25° et que je vais y retourner à partir de la semaine prochaine alors qu'ils prédisent du 13° à 16°... la guigne, je vous dit...
Comment se porte ma prairie "américaine", nous verrons cela en rentrant après ces chaleurs printanières ?

@+
Lidine

Juste une précision. Ce bouquin a un défaut: les noms des plantes sont mal traduites. Du coup, des véroniques deviennent du lilas, par exemple. Ca ne le fait pas, mais ça n'empêche pas que les conseils sont bons. Y a juste que le traducteur ne devait rien y connaître en botanique...

Laurent, je vais de ce pas en quête du bouquin, et un grand bravo à Guigui. Y a pas de photos ? Ça doit être bien sympa. !

@+ Lidine

J'ai une partie de mon jardin du Sud, que je considère comme une prairie. Elle est dans le verger, c'était un terrain qui n'avait pas été cultivé pendant des dizaine d'années. Nous l'avons fait labouré à l'automne et au printemps, surprise, des milliers de graines de toute sorte ont fleuri y compris des orchidées. Avant, il n'y avait qu'un épais "matelas" d'herbes dures.

Je tonds le tour du terrain et quand les fleurs sont fanées, je tonds le tout. Je préfère laisser les fleurs plutôt que laisser l'herbe rase. Les papillons adorent.

La remarque sur la nature du terrain est tout à fait juste. Le bas du terrain est plus riche et là, je suis obligé tout tondre, il n'y a que des grandes avoines ou des pissenlits. Alors qu'en haut, c'est beaucoup plus varié. J'ai beaucoup de centaurées, de marguerites...

Chez nous, c'est la pleine saison des boutons d'or
en terre bien humide et collante.. ils sont aux anges (un chêne palustre en beau débourrage au fond)

Je me dis que c'est quand même étonnant, ce phénomène. On y est habitué et on n'y prête pas attention, mais on peut se demander comment il se fait qu'il y ait une telle diversité, dans une prairie sauvage. Après tout, lorsqu'il s'agit de ronces, fougère aigles, renouées du Japon, il n'y a quasi plus rien d'autre. Dans le jardin, avec (certaines) rudbeckias ou lysimaques, c'est pareil, alors que je voyais à l'instant une prairie sauvage, faite de renoncules, d'une graminée principale, d'une ombellifère, d'oseille, de plantin lancéolé: aucune plante ne prend l'ascendant sur l'autre. Peut-on parler de micro-niche écologique? Le sol est pourtant le même... Comment en sont-elles arrivées à partager l'espace?

Si vous prenez une forêt, c'est la même chose pour les arbres, ils se partagent l'espace à quelques-uns.

Il serait peut-être plus judicieux d'attendre que les plantes montent à graines avant de tondre car à la longue certaines espèces parmi les plus intéressantes risquent de disparaître si elles n'ont pas le temps de se ressemer.

Laurent.. je me promène tout de même assez régulièrement avec ma beche pour couper voire déraciner les chénopodes que je trouve très moches et fort envahissantes.. elles ne sont pas érradiquées.. mais je limite le plus possible

Nos prairies prises hier : c'est tellement beau et c'est naturel avec des plantes que l'on peut retrouver dans le commerce en tant que fleurs non prélevées dans la nature mais elles lui ressemblent tant : comme le floculis qui fleurit actuellement mais pas facile à photographier car beaucoup de vent :

Moi aussi, je suis comme Françoise, je suis à l'affut d'énormes chardons que je dois éliminer avant qu'ils se répandent de partout ! Et aussi les picris qui se développent à la fin du printemps, c'est pour cela que je tonds parfois un peu tôt pour éviter la multiplication de ces mauvaises salades.

Il y a bien sûr des exceptions. Mais ni le chénopode, ni les chardons, ni les picris ne prendront toute la place: ils restent clairsemés.

justement je me demandais le nom de cette fleur mauve toute en finesse

cette année, il y en a plein dans la prairie, les autres années je n'en voyais que peu

J'aime bien les bouquets de fleurs des champs.
Je pense à Centaurea scabiosa (version rose du bleuet) ?
Ciboulette

C'est un Silene flos-cuculi aussi appelé Lychnis fleur de coucou

Merci guigui, c'est exactement ça..
http://fr.wikipedia.org/wiki/Lychnis_fleur_de_coucou
et elle pousse dans les zone les plus humides qui sont chez nous

Chez nous aussi, il y en a pas mal dans la prairie qui est fauchée fin juin. On a aussi de petites orchidées sauvages mais elles sont déjà passées !!!!!

Bonjour,

Je suis allée à la présentation de la prairie du jardin botanique à Genève et j'ai pris quelques notes :

Les prairies fleuries naturelles ont été en majorité labourées et semées avec des semences fourragères. Ces semis se faisaient déjà il y a 250 ans, mais ils se sont accentués avec l’agriculture intensive. En Suisse on sème en général 10 plantes pour une prairie (que 3 en Hollande) avec une grande partie de graminées et de plantes fourragères (luzerne par exemple) pour le bétail.
Pour avoir une grande biodiversité de plantes il faut que la terre soit maigre afin de diminuer la concurrence entre les plantes. La quantité des fauches est aussi déterminante (6 fauches peu de diversité, 2 fauches plus grande diversité) et évacuer le foin pour ne pas enrichir le sol. La qualité du sol, l’humidité et le climat sont aussi importants. Il ne faut pas engraisser le sol mais il est rare actuellement de trouver des sols qui ne l’ont pas été par le passé, de plus rien que la pluie de nos jours fourni de l’azote (on compte 120 unités d’azote à l’hectare pour engraisser une prairie et rien que la pluie maintenant fournit entre 25 et 50 unités d’azote).

La prairie du jardin botanique a été semée il y a vingt ans avec des semences indigènes sur un ancien champ de blé. Il aurait fallu attendre plus de 50 ans pour qu’une grande diversité des plantes revienne naturellement. Au début il y avait beaucoup de graminées et peu de fleurs. Ils ont observé certains cycles, par exemple il y avait beaucoup de marguerites il y a cinq ans et très peu cette année. La rhinante (Rhinanthus alectolorophus) utilise les ressources d’autres plantes et fait disparaître certaines graminées. La terre est profonde et assez humide, il est donc difficile d’avoir une grande diversité. L’année dernière 65 espèces ont été recensées, mais il doit en avoir jusqu’à 85 à 90 espèces.
Il reste en Valais ou dans le Jura quelques prairies sèches qui sont maintenant protégées et entretenus pour garder certaines plantes devenues très rares. Ces prairies poussent sur des sols maigres, plutôt secs et peu profonds.

Et ici l'article de "La Feuille Verte" journal du jardin botanique sur le bilan de la prairie :
http://cjoint.com/?BEDpwR2hQTR

Je mettrai quelques photos plus tard, mais c'est vrai que c'est sympa une prairie et il y a pas mal de beaux locataires (papillons).
Ciboulette

Merci pour ce compte-rendu instructif!

Ciboulette a écrit:

Il ne faut pas engraisser le sol mais il est rare actuellement de trouver des sols qui ne l’ont pas été par le passé, de plus rien que la pluie de nos jours fourni de l’azote (on compte 120 unités d’azote à l’hectare pour engraisser une prairie et rien que la pluie maintenant fournit entre 25 et 50 unités d’azote).

Dans une émission bien connue des téléspectateurs belges (l'antédiluvien "Jardin Extraordinaire"), ils avaient expliqué qu'une plante aussi "commune" que la succise des prés ne se trouve plus que dans quelques localités: c'est dû à cette rareté des prairies pauvres... quasi tout le pays ayant été "engraissé".

Ciboulette a écrit:

La rhinante (Rhinanthus alectolorophus) utilise les ressources d’autres plantes et fait disparaître certaines graminées.

Sophie du jardin-c'est-tout en avait parlé, elle en cherchait d'ailleurs des graines...

Pas terrible mes photos, la prairie qui est en pente :





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Ciboulette

Quelle prairie superbe !

Légèrement vallonnée, avec les graminées qui ondulent, c'est très joli !

Le commentaire sur la prairie botanique est intéressant, il confirme certains points dont j'avais déjà eu connaissance (comme ne pas laisser le foin coupé), mais je n'imaginais pas qu'une simple pluie pouvait autant enrichir le sol !

Il me semble qu'une prairie au sommet d'une colline doit être plus propice que si elle est au fond d'un vallon, là où les éléments nutritifs se sont accumulés.

La conservatrice espérait qu'avec le terrain en pente, elle pourrait avoir plus de diversité, voire d'autre plantes que dans le bas de la prairie qui est plus humide, mais la différence n'est pas très significative. Le terre est trop profonde, il faudrait un terrain en pente mais de moins bonne qualité et peu profond.
C'est un peu le comble du jardinier
Ciboulette

Ciboulette a écrit:

Pas terrible mes photos

Détrompe-toi, on se rend tout à fait compte de l'effet. Et la photogénie d'une prairie, c'est bien le souci, parce que c'est l'inverse d'un jardin structuré: donc rien ne ressort, c'est une autre esthétique de regard, plus "pointilliste"...