L'esprit du Japon dans nos jardins - Jean-Paul Pigeat

Avez-vous ce livre?

Qu'en pensez-vous?

J'aime bien l'idée du livre...

Bon, j'avoue... J'ai aussi ce livre... tout ce qui concerne les jardins asiatiques et les plantes d'ombre m'intéresse ! Et puis j'aime bien les livres.

Il y a un petit moment qu'il est sorti celui-là. J'avais bien aimé le point de vue de l'auteur. Si mes souvenirs sont bons, il s'agissait de comprendre l'esprit du jardin japonais et voir comment le jardinier pouvait transposer ces principes et fondements dans nos jardins européens. Un choix de plantes adaptées est indiqué et il s'avère très utile quand on a une terre argileuse, avec un climat pas franchement océanique. Il nous montre que nous ne devons pas renoncer à ce type de jardin sous prétexte que notre climat est différent mais nous approprier les modes de pensées. Le jardin d'Erik Borja dans la drôme est un bon exemple.

Cet ouvrage nous aide à mieux saisir la philosophie du jardin japonais, sans être trop complexe quand même...

Je n'ai pas ce livre, mais j'ai jardins du Japon : jardins du ciel, édition édisud, par Maurice Fleurent.
Je le trouve excellent. Il y a beaucoup de photos et il montre bien l'évolution des jardins japonais au cours des siècles ainsi que leur philosophie. Je compte le relire prochainement avant mon retour au jardin bot. de Montréal pour savourer pleinement le jardin japonais et chinois.

Merci pour vos "reviews".

karen07, c'est justement pour cela que ça m'intéressait. Dans les jardins japonais, il y a une part d'esprit (dont je ne vois pas pourquoi il ne pourrait pas être transposé) et une part de convention et de symbolique (et là, poser une lanterne à tel endroit pour telle raison, j'avoue que ça me parle moins, étant plutôt hostile à toute forme de rites). J'ai eu l'impression (mais peut-être est-ce simplement parce que nous avons surtout visité des jardins "historiques") qu'il y avait peu de place pour la créativité: les mêmes plantes reviennent sans cesse - ce qui est évidemment très beau - alors qu'il m'a semblé que d'autres pourraient très bien s'intégrer.

En fait, il m'a semblé qu'une grande différence entre les traditions occidentale et orientale était d'être tournés vers le soleil et l'extraversion pour les nôtres, vers l'ombre et l'intimité pour les leurs. D'ailleurs depuis, je comprends encore moins la volonté d'éradiquer la mousse au profit de la pelouse (cfr un reportage récent dans "Jardins et Loisirs" où il était question d'utiliser de lourdes techniques pour scarifier puis ressemer... et sans doute recommencer l'année suivante).

Je m'égare. Ca n'a en tout cas pas fini de me questionner...

Citation :

et là, poser une lanterne à tel endroit pour telle raison, j'avoue que ça me parle moins, étant plutôt hostile à toute forme de rites).

C'est justement là tout l'intérêt des jardins chinois et japonais. Tout est symbole et tout est réfléchi dans les moindres détails. Quand ont connait un peu les principes, on voit le jardin différement. Tout s'y retrouve : de la particule infinitésimale jusqu'à l'univers entier. C'est la naissance de la vie, de la mer, la terre, du monde, de l'univers. De leur naissance à leur mort. On se sent tout petit et on prend une vrai leçon de modestie. Je n'ai pas encore eu la chance d'avoir visité des jardins au Japon, mais à Montréal, j'ai été vraiment retourné. J'en avais les poils des bras dressés et j'y ai ressenti une émotion très forte que je n'ai jamais ressenti dans un autre jardin. Sans honte de ma part, j'étais au bord des larmes en montant vers la maison de thé. Le chemin qui y mène est un vrai casse gu--le, mais c'est la traversée de la vie avec tout ses problèmes. Chaques pierres est un problème à surmonter. Vu plus largement, c'est le passage de l'enfance à l'âge mûr. Une vie pleine de difficultés à surmonter et qui nous grandit à chaque étapes franchies.

A voir ici : http://gardenbreizh.org/photos/Oli/album-30171.html

Moins parlant en photos que dans la réalité.

Je ne suis certes pas spécialiste, et je n'ai pas ces codes. Mais je ne te suis pas quand tu dis que c'est justement l'intérêt. C'est un des intérêts, d'accord (comme il est utile d'avoir certains codes pour comprendre certaines oeuvres d'art contemporain), mais un jardin comme une oeuvre d'art doit pouvoir aussi se ressentir sans maîtriser ces codes. Et en ce sens, il me semble que les codes, s'ils sont trop présents, sont un obstacle à la créativité et à l'évolution, donc à la vie. Ceci dit, pour quasi chaque jardin que j'ai vu, il y avait une transgression d'un code plus ancien, et c'est sans doute ce qui fait leur intérêt. De toute façon, il y a plusieurs types de jardin au Japon, depuis l'épure totale jusqu'au pittoresque (avec reconstitution d'un temps disparu: moulins à eaux, etc.). Des jardins où l'on regarde depuis le salon, d'autre où l'on marche, etc.

Quoi qu'il en soit, autant j'ai été pris par la symbolique des jardins zen (que ce soit quinze rochers pour méditer, ou un jardin qui représente le cours de la vie, avec le flot impétueux de la jeunesse qui se poursuit par un fleuve lent pour terminer par une mer de sagesse et un cône de sable représentant le caractère éphémère de la vie, contre tout orgueil effectivement), autant je n'ai décodé le positionnement d'une lanterne ou autre que sous son sens esthétique et là, c'était souvent réussi.

La symbolique, oui, les rites (pour les rites), non!

Du coup, en me relisant, je pense que je me suis mal exprimé dans mon premier message. Je ne suis pas opposé à la symbolique, c'est vraiment le caractère rituel (auquel je ne suis opposé que s'il est impossible de le transgresser - sinon, la cérémonie du thé, c'est évidemment très bien) qui me pose problème. Et ça m'a posé très peu problème sur place, d'autant que j'ai uniquement vu des jardins historiques, dans lesquels on ne va évidemment pas planter des Gunneras.

Et le souci du détail, je suis d'accord avec toi. C'en était à un point que j'ai vu des gens trier des cailloux, épiler une pelouse, que j'ai vu qu'on avait manifestement recousu la mousse (en remettant des carrés là où il en manquait - on voyait encore les sutures). Que chaque buisson est bien implanté, chaque vivaces (très peu nombreuses) aussi. Oui, oui, à tout ça, je dis oui! Et je suis fasciné de voir un terrain ratissé chaque jour depuis quatre siècles.

Mais pour adapter en Occident, il faut trouver l'âme en retirant le rite, sinon, c'est du pastiche. D'où ma question de départ...

Bin rien ne t'empêche de voir ce type de jardin avec l'oeil de mr. tout le monde. Tu le verras et ressentiras de façon différente, c'est tout. Mais à mon avis, tu y perdras en émotion.
De toute façon, pour en revenir au jardin chinois de Montréal, ce jardin est tellement bien fait, que tout se révèle facilement. Je n'ai pas passé mon temps à observer un caillou pendant une heure en me demandant le pourquoi du parce que. Tout est venu automatiquement.
J'ai le même réflexe en visitant un jardin. Les erreurs et les bons côtés me sautent aux yeux.

Tu sais à Kew, il y a dans le parc des arbres absolument magnifiques : de vraies cathédrales. Des arbres de plusieurs siècles. J'ai été étonné de voir les gens passer à côté sans même y jeter un oeil.
Moi je m'arrête et j'admire de tout les côté, je vais en dessous, j'observe le tronc, les branches ... je recule ... Il y a de l'admiration, du respect.
Idem dans les serres où les gens se promènent et passent à côté de fleurs ou feuillage magnifique simplement parce que ils n'ouvrent pas les yeux. Ils regardent sans voir. C'est dommage, car ils perdent des choses qu'ils ne soupçonnent peut être pas.
Re-idem en ville ou les gens n'observent pas les facades des maisons. Bien souvent au dessus des vitrines laides et sans intérêts, on découvre des facade magnifiques.
Ouvrez les yeux, prenez le temps de regarder même des choses qui peuvent sembler futiles.
Si tu t'arrête et que tu lève les yeux, à un moment il y aura qq'un qui se rendra compte que tu regardes qq chose et il regardera aussi. A partir de là tout est possible.